Chroniques d'un hors la loi

Vous pensiez qu'on ne parlait plus de Mandrin dans la presse ? Et bien détrompez-vous. De la simple chronique historique jusqu'aux nombreux évènements de l'actualité qui font souffler chez nos journalistes ou philosophes un petit vent de révolte, notre hors la loi fait encore figure de référence en la matière... Mandrin serez donc de retour parmi nous ?

Ces hors la loi qui ont marqué l’histoire

Chronique de Bakchich, 12 octobre 2009

De Louis Mandrin (1725-1755), l’Histoire a conservé une complainte à la gloire du contrebandier : « La première volerie/Que je fis dans ma vie/C’est d’avoir goupillé/La bourse d’un…Vous m’entendez ?/C’est d’avoir goupillé/La bourse d’un curé ».

Le félon Mandrin préférait aux messes dominicales l’or de ses curés. Il en a d’ailleurs payé cher le prix puisque il a fini condamné le 24 mai 1755 « à avoir les bras, jambes, cuisses et reins rompus vifs sur l’échafaud et mis ensuite sur une route la face tournée vers le ciel pour y finir ses jours. »Même pas de quoi l’entendre pousser quelques cris, au printemps de l’âge, à 29 ans et deux mois.

Mandrin, symbole de la lutte contre le système fiscal féodal

Fils de maquignon, le petit Louis a très vite été confronté aux injustices du roi Louis XV. Plus particulièrement aux fermes générales, ces délégations de pouvoir chargées de percevoir les impôts locaux, honnies de la population. Le parcours du futur contrebandier ne s’est construit que contre l’iniquité de ces taxes dont il n’a cessé d’en combattre les principes.

Suite à la pendaison de son frère pour faux monnayage en 1753, il franchit le pas de l’illégalité en organisant ses premières contrebandes de tabac avec les cantons suisses et des Etats de Savoie. Très vite, il se construit une réputation de dur à cuire en prenant la tête d’une bande de 300 larrons prêts à s’engraisser au détour de la loi.

Armés jusqu’aux dents, le flibustier et ses forbans ne choisissent pour cible que les plus impopulaires fermiers généraux. Six campagnes sont organisées durant l’année 1754. « Avec Mandrin, on accepte, on ne discute pas et si on paie on a la vie sauve. Pour étoffer ses troupes, il se met à libérer les prisonniers des villes qu’il traverse », rappelle l’ouvrage en leur disant, « C’est bien vous nos camarades, c’est bien vous qui méritez de manger encore du pain, et non pas ces assassins de commis et d’employés ».

A cela s’ajoute un redoutable trafic de marchandises de peaux, tissus, épices, qu’il vend allègrement à prix réduits dans le dos de l’administration du roi. Le petit peuple se réjouit d’un commerce qui s’affranchit des taxes sur ses produits. De quoi rendre tout rouge les commis de Louis XV qui voit dans le fripon Landrin la ruine d’un système qui leur profitait en premier lieu.

Pressés de lui faire la peau, la ferme générale demande le concours des soldats du roi pour son arrestation.« Dans la nuit du 10 au 11 mai 1755, Mandrin se fait capturer dans son sommeil de la ferme fortifiée de Rochefort-en-Novalaise. Il est emmené à Valence où l’attend le juge Fredet. Les habitants défilent jour et nuits devant sa cellule », rapporte le livre. Le procès se fait en vitesse accélérée et son exécution dans la foulée.

Le « renard » Mandrin, comme on le surnommait, reste encore aujourd’hui un symbole d’une fascination pour les bandits des grands chemins qui ont poussé l’existence à un degré envieux de radicalité qu’on terre en soi d’une petite honte.

Mandrin et les trente voleurs contre le sésame culture en France. Y a t-il aujourd’hui un réveil de l’archétype Mandrin ?

Chronique de Ocséna (Organisation contre le système-ENA et pour la démocratie avancée), 23 mai 2010

1. Un peu d'herméneutique fine sur ce qui se passe présentement

On sait (depuis un certain penseur qu'il convient semble-t-il élégamment désormais de ne plus du tout nommer mais portant à la lettre-près un blaze de compagnie aérienne, si vous voyez !), que la délinquance en plus d'être délinquance (ce qui est normalement a priori normal), est aussi une action naturelle à dimension politique. La compréhension de cela échappe à beaucoup, elle échappe notamment de façon assurée à l'UMP.

Une vingtaine de maires ou plus ont pétitionné auprès de l'Elysée pour inciter le bienveillant monarque de la douche France à veiller de près à ces sujets, cerfs et autres touillus de la grande et de la petite couronne. On sent bien là-bas que faute de boulot, faute de divers bilokos, mais armé d'un méchant-moral à tout casser, que c'est sur les bus que ça va encore se porter.

Rats-crevés de banlieue, oubliés des classements au top cinquante de l'élite-enfant dans nos journaux, cessez d'attaquer les bus, les confiseries, les marchandes de glaces et de gâteaux, tout ça c'est du trop petit boulot.

On sent néanmoins que les choses déjà prennent une certaine néo-ampleur, les petites banques étaient attaquées, les grandes le sont maintenant aussi, on chouravait 20 euros aux mémés, on se fait directement les fourgons de la Brink au bazooka.

Encore cela dit n'a-t-on rien dit, il se passe un changement quantitatif (cf. les trois lois de la dialectique), il se fait un mouvement du paradigme : on a eu les premiers regrettables morts. Il n'a cependant échappé à personne que le brillant Copé poète-député-maudit de son état malgré le rutilant râteau-dentaire souhaite présumément des morts en plus exubérant. A force de s'appliquer à la burka désagréablement, on devrait avoir bientôt enfin ! les premiers attentats meurtriers dans Paris. A l'UMP c'est le but recherché !

Mais basta ! basta sur ces banalités !

Quelque chose d'autre est né, qui n'est ni clairement décrypté, ni clairement revendiqué.

Basta troisième fois nous y voilà.

Le vol des tableaux au Musée d'art moderne de Paris, le vol des câbles du TGV nous interroge. Mais quouézako ? quéqui se prépare, quéqui se joue et se fait ?

2. Le come-back d'un nouveau Mandrin

Dans l'inconscient collectif Mandrin garde encore dans les coeurs une très secrète et bonne touch. A Belleville, à Ménilmontant, comme dans la Drôme à Valence ou à Roman, on en a toujours la complainte au coeur et dans la tête, ce fut le cas aussi dans La commune de Paris.

« Nous étions vingt ou trente,

Brigands dans une bande,

Tous habillés de blanc,

À la mode des...

Vous m'entendez ?

Tous habillés de blanc

À la mode des marchands."

Bref Mandrin est intervenu au Musée d'art moderne de Paris comme vous savez : Pour la bagatelle de 100 millions d'euros. On dira bien sûr qu'il a volé le peuple c'est vrai. Mais c'est pas lui qui avait commencé ! le Peuple avait été une première fois volé, quand on avait acheté sur son argent à lui ces 5 croûtes de luxe spéculatives en même temps que belles, qui ne sont au grand jamais -ne nous faites pas dire ce qu'on n'a pas dit- des conneries.

Mandrin luttait contre les fermiers généraux. Les fermiers généraux on le constate sont toujours là. En plus ils ont pour les aider mentalement les malins culturels et l'ensemble compact des sous-cultureux intellectuellement miséreux dans les journaux.

En deux ans, on s'est infusé donc les coups les plus beaux (c'est à dire mis dans nos têtes avec des grands coups de marteaux) : l'expo Picasso, le Studio 104, le Pompidou-Metz, le musée d'art moderne comme on signalait, la nuit européenne des musées, la floraison des Champs-Elysées (mais pour seulement 4 millions d'euros), les câbles du TGV sont donc au plus un happening très réussi.

3. Les impossibles choix alternatifs

Il n'y a rien à dire ! Ne nous parlez pas de choix "alternatifs",

nous allons ici les dénoncer. D'abord la culture est indispensable pour le tourisme, ensuite c'est un plaisir pour chacun.

Il eût été absurde comme certains le suggéraient vraiment que l'argent du 104 aille partir en fumée dans des chichi-frigis ou des bicyclettes pour enfants du XIXe pendant cent ans.

Il eût été absurde que l'argent du Chapeau chinois se transforme en choucroute offerte aux visiteurs de la Lorraine pendant trois ans.

Il eût été absurde de vouloir transformer la campagne éphémère en mobilier durable pour les gens.

Il est absurde de vouloir vendre Chambord et Chenonceaux et une partie du Louvre pour combler le trou de la sécu et des retraites.

La seule idéologie valide est celle qui est au pouvoir.

Car il y a une dominante plan-plan dans la pensée qui n'a rien d'arbitraire, elle est la pensée dûment répétée et éprouvée, elle change mais pas souvent.

Bref grâce à ça la France n'est pas dans le berde, seulement les clampins sur le bord du trottoir.

Mandrin est donc purement un mythe mais c'est un mythe qui prend.

Mandrin et une espérance, il faut sans doute rouer Mandrin.

4. Le digest et l’argument-titre

Nous ne pouvons d’emblée assurer que ce réveil de Mandrin existe mais nous ne pouvons cependant pas non plus, croyons-nous, complètement le nier.

Pour qu’il y ait mandrinisme il faut qu’il y ait d’abord bien sûr de la délinquance avérée mais en soi cela ne suffit pas. Il ne suffit pas en effet d’attaquer les vieilles, les bus, les fourgons blindés, les profs, les enfants des voisins, le président de la république à la canette d’Evian, ou les voitures dans la rue à la canette avec essence et mèche. Ordinairement les Français détestent totalement ça, nous le savons très bien.

Pour qu’il y ait mandrinisme, il faut qu’il y ait de l’agression mais qui plait.

Le mandrinisme suppose nettement un retournement d’attitude : Le spectaculaire vol du musée d’art moderne de Paris est-il de cet ordre ? A t-il les rieurs pour lui ?Soudainement nous nous posons la question.

Le mandrinisme suppose pour qu’on en arrive là qu’il y ait une sacrée fêlure perceptible dans la société et la démocratie, un mécontentement patent, un passage un peu boum-paf et qui n’attend que ça de l’expression politique naturelle à l’attitude nettement plus directe.

Ci-joints quelques premiers zaz positionnels de réflexion.

5. Pour commencer d’abord l’enquête telle qu’elle apparaît dans le Monde

"Trois gardiens se trouvaient dans le musée à l’heure du vol, et devaient théoriquement surveiller le mur d’images des caméras de surveillance. Un cadre, logé dans l’établissement, était également sur place."

Donc rien à signaler de particulièrement scabreux dans cette affaire : les gardiens mangeaient du saucisson !

6. Dans cette affaire possiblement Mandrin y a pas que le coup du musée qui donne à penser y a aussi la SNCF avec le coup du vol des câbles du TGV

"Le trafic SNCF perturbé en ce grand week-end de Pentecôte" (La Tribune.fr) ‎

"Le trafic des Eurostar, Thalys (TGV vers la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne) et TGV Nord a été interrompu pendant un temps samedi avant de reprendre au ralenti. Pour ne rien arranger, quatre wagons transportant des matières dangereuses ont déraillé ... "

Tu vois quand même l’étonnante déveine !

7. A ce stade, Percevons bien toute la différence entre Robin des bois et Mandrin

Il ne faut assurément pas confondre Mandrin avec Robin des bois et les assimiler tous les deux l’un à l’autre platement. "Robin des bois" n’est certes pas négatif comme désignation, mais beaucoup plus "littéraire" qu’exactement populaire, Robin des bois s’en prend à l’autorité qu’il ridiculise mais avec la gueule d’Errol Flynn en collant vert. C’est autre chose. Robin des bois c’est au mieux Peter Pan adulte contre capitaine Crochet.

L’affection popu pour Mandrin est autrement plus corsée quand elle advient. En France la lignée, s’il faut en formuler une, serait Mandrin, Bonnot, Mesrine. Le cas Mesrine étant très intéressant. On a bien vu dans le 18e pendant le tournage du film cette sorte de vénération discrète qui lui était portée.

L’équivalant avec Mandrin serait ces jours-ci jamaïcain, ce serait Coke-Dudus. Une population entière soutient farouchement son voyou : Il est celui qui représente et qui nourrit. Celui qui est la vraie Vérité vraie contre l’officielle qui est la fausse.

Bref le mandrinisme n’est pas du robinhoodisme

8. Il faut aussi bien distinguer Mandrin par rapport à Sciences po qui n’est évidemment pas un cadeau

"Très rationnellement, on partira de l’idée que les bons chiens de compagnie ne font pas des chats d’attaque d’une exacerbée violence."

La société telle qu’elle se présente nous surprend rarement : on veut dire qu’il y a peu d’authentiques cracheurs de feu ou de cracheurs dans la soupe in the society normale s’employant bêtement à saloper le bouillon ou à foutre le feu à la maison qui ne leur ont en effet tous deux rien fait.

Mandrin est délinquant parce qu’il est anormal lui. Mettez-le avec du blé, une grasse dauphinoise bien nourrie comme épouse légitime et deux maîtresses opulentes, il ne finit pas les os cassés de haut en bas, il prend du poids et un peu de cholestérol.

Prenez Sarko prenez Copé, a priori l’un et l’autre peuvent au physique jouer des rôles audacieux et de composition : Sarko ferait un excellent Cartouche et Copé un très bon Corleone. Ben en fait comme on sait il n’y a eu aucune agréable surprise en ce sens.

Prends Sciences po, la grande et superbe bicoque bien connue. Les élèves bien élevés et les professeurs bien élevés aussi qui y sont sélectionnés donnent peu de grands délinquants originaux.

Sciences po est le lieu de la bonne pensée bien menée, l’incarnation de la rationalité, à Sciences po fonctionne, souffle, se construit l’Esprit : Hegel a manqué là quelque chose.

La première chose évidente et admirable c’est que Sciences po a peu de contradiction à trouver en lui-même avec la pensée dominante, laquelle est dominante pas non parce qu’elle est puissante pour diverses raisons mais parce qu’elle est vraie.

Ne nous attendons donc pas à des fulgurances Sciences-potesques révolutionnaires sur les retraites : Ce n’est pas là -comme nous disions- parce que Sciences po manquerait d’imagination, c’est parce que Sciences est dans la Lumière du Vrai.

Nous avions vu la semaine dernière la belle bleue de Terra Nova, Fondation progressiste, think tank de gauche, avec Olivier FERRAND, son président, HEC-ENA, nous proposer la taxation des retraités qui sont statistiquement de sacrés coqs en pâte.

Deuxième belle bleue dans le Monde encore cette semaine avec Louis Chauvel (dont nous ne savons pas nous de quelle Terra il est, mais qui est professeur des universités à Sciences po et s’est déjà largement fait connaître pour ses travaux remarqués sur les classes sociales). Louis Chauvel qui est de 67 a bien montré que les génération d’après 67 en bavent beaucoup mais que celles d’avant font quand même beaucoup de gras (donc vous avez pigé les retraités ! là aussi se prépare votre fête.)

Où veut-on en venir ? A ce constat approximatif : au moment où se prépare la rigueur et le coup de pistolet aux retraites, Sciences po se positionne comme on s’y attendait. Si Sciences po penche -après avoir vachement réfléchi- pour l’avis dominant qui est aussi celui du pouvoir, ce n’est point du tout qu’on y soit fayot ou partial, c’est qu’on y est comme eux dans le logos, car le logos est Un.

On ne dépasse jamais son temps, voilà. Par une adéquation quasi-divine la pensée vraie a rarement beaucoup d’internes contradictions. Nous aborderons cette question prochainement.

Mandrin en tout cas est (irrationnellement) contre les "fermiers généraux de Sciences po".

Mais bon ! on l’a dit, Mandrin est un délinquant qui a été frustré enfant !

9. La conclusion

Nous n’en ferons aucune, sauf qu’entre Sarko, l’UMP, les banlieues et Mandrin potentiellement présent, nous on est quand même extrêmement inquiets.

Alain Serge Clary et les Inoxydables philosophes de l'Ocséna vous saluent bien. Avec la participation active des Nosotros Incontrolados

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